Oulalalala, je ne vous raconte pas tous les superlatifs qui fusent dans ma tête en arrivant dans la vallée du Haut Atlas aussi appelée « la vallée des gens heureux ».
Après notre superbe rencontre au lac de Bin El Ouidane, nous revenons sur nos pas pour reprendre la route en direction d’Aït Bouguemez.
Au niveau de la ville d’Azilal, des travaux nous oblige à rouler à 50km/heure, mais une quinzaine de kilomètres plus loin, nous changeons de route et de décor.
On transite par une petite route en lacet qui se faufile au milieu des montagnes tel un serpent rampant, un spectacle grandiose qui nous donne un avant goût de ce qui nous attend …
Sur les bords de routes nous croisons des enfants nous faisant des signes, surpris et curieux à la fois nous nous arrêtons. Ils s’avèrent qu’ils ont soif et nous demandent de l’eau, nous leur donnerons donc nos bouteilles.
Halte au village d’Ait Abbas pour faire le plein de petites bouteilles d’eau (pas très écolo mais bon) que nous distribuerons tout au long du trajet.
Info: Les petites épiceries du Maroc se disent « Hanout ».
Au coeur des montagnes du Haut Atlas, niché à 1800 mètres d’altitude, se cache une de ces plus belle vallée : Ait Bouguemez.
Bordée de verdure, la vallée compte 27 villages à l’architecture ancestrale. Les maisons sont construites à base de matériaux naturels tel que la terre battue, la pierre ou encore le bois.
Dans cette vallée, je me sens bien, zen et même inspirée au point de devenir une « pseudo » poète :
Les maisons ocres se confondent à la roche
Un patchwork de vert tapisse ces lopins de terre fertiles
Où sont dressés pommiers, noyers, cerisiers
Alimentés par une source d’eau si précieuse
Voici, Ait Bouguemez et toutes ses richesses
Si vous êtes en quête de quiétude, de douceur, d’authenticité et de nature, les villages de la vallée des Bouguemez est l’endroit idéal.
Ce retour aux sources nous a fait beaucoup de bien en nous déconnectant du quotidien.
Quand je parle de déconnexion c’est dans tous les sens du terme, pas de réseau (ou très très peu).
Le Mont Moussa
A peine arrivés, nous nous lançons dans l’ascencion du Mont où se trouve le tombeau de « Sidi Moussa », un Saint vénéré pour ses dons d’interprétations des rêves et de guérisons.
Nous commençons la randonnée un peu tardivement et devons accélérer le pas pour arriver avant la tombée de la nuit.
Les filles veulent en savoir un peu plus sur le marabout Moussa :
– « Papa, maman c’est quoi un marabout ? »
– « Un marabout c’est un homme qui pense avoir des pouvoirs magiques pour soigner des gens malades, guérir ou retirer des malédictions ».
– « Ahhhhhhh mais c’est un sorcier, j’ai peuuuuurrrrr, on ne veut plus aller le voir !!! »
– « Mais non non les filles, ne vous inquiétez il n’y a que son mausolée et ce qui nous intéresse vraiment, c’est la superbe vue panoramique a 360° sur les montagnes !
Allé, il nous reste à peine 20 mètres … », pas le temps de finir ma phrase qu’elles étaient déjà en train de dévaler la pente pour rentrer !
Une bonne nuit de sommeil et tout sera oublié
Randonnée
Nous sommes le premier jour de ramadan, nous ne pourrons pas aller en randonnée au risque de nous épuiser, ce sera notre plus grand regret, mais également une bonne raison de revenir.
Toutefois, voici des idées de randonnées à faire en toute liberté conseillées par notre lodge :
- Les crêtes de l’Adazene (4h)
- Ansous et les Bergerie d’Ahabbay (4h30)
- Le col de Tizi’n Aît Imi
- Aît Ourit (6h30)
Rencontres coup coeur !
Non loin de notre Lodge Dar Itrane, se trouve le petit village « d’Ifrane » dans lequel nous décidons de passer un petit moment.
A peine arrivés, une petite fille toute enjouée du nom d’Hajjar 10 ans, vient à notre rencontre.
Mon mari, seul à parler berbère, facilite l’échange mais cela ne m’a pas empêché communiquer également (gestes, regards, sourires …).
Nous demandons à Hajjar si elle veut bien nous faire partager une partie de son quotidien.
Tout naturellement, elle prend les filles par la main et se met à courir avec elles.
Une dizaine d’enfants nous rejoignent, les filles sont ravies d’avoir autant d’amis pour s’amuser.
Hajjar, (au t-shirt rayé) présente aux filles leur balançoire
Nous continuons notre immersion toujours en compagnie de Hajjar qui s’improvise chef de village :
– « A gauche là, allongés à l’ombre des noyers ce sont des hommes qui se la coulent douce … suivez moi, je vous emmène à la rencontre des femmes qui travaillent dans les champs ».
Nous la suivons à travers champs pour voir deux femmes en pleine récolte de blé qui servira de nourriture pour leur bétail. Je leur propose mon aide, étonnées, elles acceptent volontiers.
Je m’y atèle et au bout de 20 minutes (ou peut être seulement 10), je ne sentais déjà plus mon dos !
Je ne parle même pas de les transporter, mon mari l’a aidé à lui mettre sur la tête, il me dit : « c’est super lourd ! »
C’est un travail de dur labeur pour des femmes. A cet instant, nous comprenons mieux la remarque de la jeune fille : messieurs, si vous me lisez, comprenez le message !
Ces femmes berbères sont fortes, courageuses et si vaillantes, j’ai eu beaucoup d’admiration et de compassion pour elles.
Un peu plus loin au milieu de cet oasis de verdure, d’autres femmes s’affèrent au bord de l’eau à laver leur linge.
Je m’installe à côté de Aicha et Fatima, rebelotte, je retrousse mes manches et leur fait signe de me donner les vêtements à rincer.
C’est tout naturellement que faisons causette (mon traducteur jamais trop loin), tout en s’activant.
Pendant la conversation, un silence se fait ressentir, Aîcha me regarde puis me dit :
– « Chez toi a l’étranger tu as une machine pour laver le linge et la vaisselle, n’est-ce pas?
– « Absolument, mais tu sais, je troquerai mes machines sans problème pour laver mon linge entre amies au milieu de cette nature sublime »… je suis sincère dans mes dires, mais une fois la tâche finie et les doigts gelés (alors que nous étions au mois de mai), je me rends compte de la difficulté que ce doit être en période hivernale.
Pendant ce temps, les filles s’éclaboussent dans la rivière (toujours glaciale) avec les enfants du village, il faut croire que le partage et l’amour réchauffent …
Difficile de les quitter surtout quand les femmes nous demandent de passer la nuit chez elles. Elles veulent nous présenter à leurs proches, nous faire goûter leurs produits locaux … aussi tentant que cela fut, nous devions reprendre la route …
Avant de repartir les filles ont souhaité acheter des biscuits aux enfants dans l’épicerie du village … un tout petit geste en retour de leur accueil. Ce moment de partage restera mémorable.
Traces de dinosaures
Incroyable mais vrai, des traces datant du Jurrasic inférieur (185 millions) ont été retrouvées à 2 km de Tabant, dans le village d’Ibakliwin.
Un mur présente des traces de pas et l’emprunte d’une queue, dommage que le lieu soit laissé à l’abandon.
Nous avons pu compter sur un guide tout mimi, la fillette qui habite la maison juste à côté.
L’endroit est difficile à trouver sans guide car aucune indication, nous pourrons compter sur un vieil homme qui nous explique comment s’y rendre.
Pour vous repérer, à l’opposé de la mosquée, il faut se diriger derrière les maisons.
Sur la photo nous repartons, le site se trouve derrière ces deux jeunes hommes (mon mari à droite et sa rencontre de passage à gauche).
Info Pratique
Logement
En arrivant dans la vallée nous n’avions pas de réservation, ce n’était pas gênant car de villages en villages des dizaines pancartes indiquaient des chambres d’hôtes, lodges …
On choisira de s’arrêter à Tabant « la capitale » de la vallée, ne vous attendez pas à trouver un resto ou une banque !
Après avoir visité 3 chambres d’hôtes, nous poserons nos valises à Dar Itrane.
Lodge Dar Itrane : Le propriétaire des lieux est dans une dynamique de valorisation de la culture berbère, du respect de l’environnement à l’image du Lodge construit en terre et en bois.
Notre avis : tout y est, la vue dégagée sur l’Atlas depuis la terrasse, la déco traditionnelle, une bibliothèque avec des ouvrages intéressants pour s’imprégner de la culture berbère (il y en a pour tous les goûts) et cerise sur le gâteau une cuisinière hors paire !
Prix : 70 Euros la chambre familiale + demi pension.
Autres choix:
Gîte Paradis : Non loin de Dar Itrane, moins charmant et moins cher (20 euros/Pers avec demi pension), cependant, les chambres étaient propres.
Ecolodge Touda : C’était notre choix initial, situé à l’extrémité de la vallée, à 7 km de Tabant, soit 1 heure de piste en sus.
Leur emplacement avec vue à couper le souffle, leur concept du respect de la nature au plus près de la nature donnaient vraiment envie mais pour une question de coût nous avons opté pour Dar Itrane.
Lodge Dar Itrane
S’y rendre
* Itinéraire aller : Départ de Marrakech via les cascades d’Ouzoud, Azilal et le col de Tizi N’Oughbar (4 heures)
En terme routier ça donne: la N8 jusque Tamellalt, la R208, la R304 vers Tanant et enfin la P3105 jusqu’aux cascades d’Ouzoud.
A 3 kilomètres des cascades sur la P3105, suivez le panneau en direction d’Azilal.
Pour la magnifique route de montagne, il faudra suivre le panneau qui se trouve à 15 km après Azilal et 2 km avant Aït Mhamed.
* Itinéraire différent au retour, histoire de varier les paysages : Ait Blal via Demnat jusque Marrakech (4 heures)
En terme routier ça donne: la R302 jusqu’au pont de Imi N’ifri puis la R208 jusque Demnat, ensuite les panneaux sont nombreux jusque Marrakech.
A noter :
Aucune banque ou distributeur de billets dans la vallée, prenez vos précautions si vous ne voulez pas faire deux heures de route Aller/Retour!
Notre avis :
Vous l’aurez compris tout au long de cet article, nous avons adoré cette vallée reculée qui mérite largement de rouler 4 heures après avoir fait le tour de place Jamaâ El Fna !