Mauritanie
Après 3 mois au Maroc dont 1 mois bloqué à 80km de la frontière suite au conflit avec la Mauritanie, le voyage va enfin commencer. Étant d’origines marocaines, nous n’étions pas si dépaysés au Maroc.
Après 1 mois de campement improvisé sur le parking de Bir Gendouz (dernier barrage de police avant la frontière), le lieu s’est transformé en colonie de vacances. Nous étions une vingtaine de voyageurs, Rémi et Arni les auto stoppeurs, Gabriel et Fanny, les cyclistes, Émilie et Dany en tandem, Michel notre papy avec son acolyte Karim tous deux à destination du Sénégal, Jessica et Florian en fourgon nos amis de cœur, Pierre Alain et Justine (lovemefender), Christophe et sa famille…

Le 21/12/2022
Il est 16h, quand le caid (une autorité marocaine) nous annonce l’ouverture soudaine de la frontière. Cris de joie, embrassades, on ne s’y attendait tellement plus.
On nous dit de plier bagage rapidement car nous sommes attendus à la frontière. Cortège de véhicules, les cyclistes sont transportés par ceux qui ont de la place, une fois tout le monde embarqué, en route vers la Mauritanie.

21h30: Les visas mauritaniens sont collés dans nos passeports (et allégés de 55€X4), le bureau d’immigration a retardé sa fermeture pour notre groupe de 23 personnes.
23h30 : Épuisés par cette journée, nous allons tous nous coucher sur le parking.
22/12/2021
Une fois le service de douane passé, attention à ne pas donner d’argent au « facilitateur » qui vous interpelle, ils paraissent si sûres d’eux et sont trés bien rodés. En un rien de temps ils s’approprient vos passeports pour faire vos démarches et finir par vous demander une somme d’argent.
En revanche, si vous souhaitez leur service, n’oublier de vous mettre d’accord sur le montant au préalable. Autrement, rien à payer pour le véhicule si ce n’est l’assurance.
Les formalités terminées, l’heure des séparations est arrivée. Nous sommes très tristes de quitter la colonie qui se dirige en intégralité vers le Sénégal.
De notre côté, on prévoit de visiter la Mauritanie et au prix des visas ce serait dommage de ne pas le faire.
Par ailleurs, nous devions attendre la réception de notre Cpd (passeport du véhicule), demandé qu’une fois sortie du Maroc ne sachant pas quand les frontières rouvriraient.
Quelques mots sur la Mauritanie, qui s’avère être un pays assez complexe.
La population est composée; de Maures originaires du Yemen entre autre, les hommes au pouvoir, les Haratines et non Haratines « descendants d’esclaves » (depuis 2003 l’Esclavage est soit disant aboli mais dans les faits, l’esclavage est toujours d’actualité).
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NOUHADIBOU, on se prend une grosse claque, tellement le dépaysement avec le Maroc est flagrant, c’est une Afrique totalement différente pour nous. On y passera que deux jours avec une nuit en bord de mer en camping sauvage.
Route vers le BANC D’ARGUIN, on peinera à trouver un chemin pour y accéder. Par chance, sur la route nous rencontrons des français en fourgon aménagé plus renseigné que nous suivrons.
La route est goudronnée jusqu’au point d’information du parc. Personne à l’horizon en basse saison pour vendre les tickets, un homme nous indiquera l’accès pour aller au campement de pêcheur de Nouamghar. On évite de s’embourber de peu sur la route sableuse.

Nous rencontrons des pêcheurs avec deux énormes raies, bien que le site soit classé réserve naturelle préservée!


Pour rattraper la route goudronnée, nous nous aventurons sur la fameuse piste sableuse. Un local nous indiquera le chemin à suivre mais une fois au milieu de nulle part c’est la panique, plus aucune notion d’orientation dans ce no man’s land. On finira par apercevoir un bout de goudron au loin qui nous apparait comme un mirage.
NOUAKCHOTT,
Capitale située au bord de l’océan Atlantique, Nouakchott est ville émergé du néant. A la fois moderne et rurale, on bascule de bâtiments récents à des rues sableuses rappelant son origine. Historiquement, Nouackchott était un poste de contrôle pour les marchandises qui transitaient entre le Maroc et le Sénégal.
A la recherche d’un pressing on se retrouve au milieu du marché central. Klaxons, conduite anarchique, foule, un bazar monstre déstabilisant.

Les Maures sont difficilement accessibles bien que beaucoup pensent que nous en sommes.
En terme d’intérêt Nouakchott n’a pas grand chose à offrir si ce n’est une vie locale dynamique. Le musée principale était fermé, côté plage très jolie mais trop agitée pour s’y baigner. Les filles apprécieront la médiathèque de l’institut français pour s’évader.

ATAR,
Laissant derrière nous la frénésie de Nouakchott, direction Atar. La N1, demande beaucoup d’attention pour éviter les nids de poules.
On dormira dans un village à 65 km d’Atar ville. Belle rencontre avec un routier algérien qui nous a offert 2kg de dattes de sa cargaison.
Il nous indiquera qu’à environ 30 km, deux silos situés sur la droite de la route sont mises à disposition pour remplir en eau.
Une fois full en eau, en repartant, un clac se fait entendre, c’est le cardan, impossible d’avancer.
Dieu merci un local nous appellera un ami à lui routier qui nous dépannera. Avec une pierre et un burin, il nous bricolera le véhiucule, histoire d’arriver à Atar ville.
Arrivés de nuit à l’auberge INIMI, on fera la connaissance d’Aminata (Françoise) et Jacques (Jacquomot32 pour les fidèles de casa trotter).
On y restera 2 jours le temps que les mécanos réparent le véhicule place (ce sera finalement aussi du bricolage car ça ne tiendra pas).
PLATEAU DE TAGANT OUED TEZENT,
Jacque, un amoureux des lieux nous propose de tester notre véhicule sur la Dune blanche en direction de Tidjikdja. Une première pour nous sur du sable! A 2km d’Aoujeft on s’arrête pour dégonfler les pneus.

Un 4×4 est indispensable, on s’en sort plutôt pas mal avec notre 4×4 Dangel même si on sent le véhicule souffrir. On passera des villages avec la même chanson enfantine :
« donne moi des b-o-n-b-o-n-s, donne moi des b-o-n-b-o-n-s »!!
On apprécie pas trop ces mauvaises habitudes laissées par les touristes de passage qui ont pour habitude de leur en lancer par la fenêtre. On bivouaquera près d’une dune dans le calme le plus total.

TIFOUJART,
On roulera jusqu’au bout du canyon non sans peine, embourbés au moins 4 fois. Pelle et manœuvre nous sortiront à chaque fois.
Petite marche sur les hauteurs.
Des vendeuses de bijoux nous ayant repérés, ont marché 1h30 pour tenter de gagner quelques sous. Les touristes se font tellement rares en période de Covid…

TERGIT,
Il restait peu de piste afin de rejoindre le goudron mais comme nos amis sont partis plus tôt nous étions moins rassurés.
Chaque passage sableux est analysé avant de s’y engouffrer, 1h pour parcourir les 5km.
Une fois au village de Tergit, une belle rencontre avec Hamoud et sa famille autour d’un bon verre de thé dégusté à même le sol. A demi-mot, il nous fait part de « sa vision des noirs », non des plus glorieuses…
Une fois, la brise levée, petite marche jusque l’oasis où on rencontrera des sœurs jumelles qui s’avèrent être les soeurs de Hamoud. Elles nous accompagneront, je marcherai seule avec elles, pour un petit moment de confidences entre femmes. Mariage, divorces, retour au village… un joli partage.
(Entrée Oasis 200 ouguyas).
Nuit à Atar.

02/01/22 : De ATAR A CHINGUETTI
Après avoir fait le plein (essence + nourritures), en route et quelle route!! Il ne reste rien d’une route plus que de la tôle ondulée, vitesse de croisière 30km/h. Un vrai cauchemar pour les meubles et tous les autres organes du camping car.
Trente kilomètres avant Chinguetti, on propose notre aide à un 4×4 en panne sur le bord de route tôle. Diagnostic, pneu déchiré suite à une conduite de l’extrême on suppose, vu les fous furieux rencontrés et sur des silex, ça ne pardonne pas.
Après lui avoir mis la bonne pression sur tous ces pneus, le maure qui se prénomme Moulay a insisté pour qu’on prenne son numéro de téléphone afin de nous offrir le gîte dans sa maison secondaire à Chinguetti alors que lui se rendait à Nouakchott. Malgré son insistance nous refusons sa générosité en lui expliquant que nous n’attendons rien en retour.
Il s’offense face à notre refus et nous laisse pas le choix . Arrivés à chinguetti une dame nous attendait avec les clefs de son immense maison. Au téléphone, il nous fait la visite et nous dit de faire comme chez nous. On dormira tout de même dans notre maison roulante à laquelle nous sommes habituée.
03/01/22 Chinguetti
Notre cher Moulay Mohammed toujours aussi soucieux de nous, nous fait livrer une machine à laver tiré par un âne après notre refus de nous laver notre linge par son aide.
Une bonté sans fin car à 17h, devant chez lui, un chamelier accompagné de ses 2 chameaux nous attendaient pour une excursion sur les dunes de Chinguetti. Digne d’un film Hollywoodien!! Quand on lui fait savoir que c’est trop, il repond: « ce n’est pas pour vous c’est un cadeau pour les enfants surtout que vous n’avez rien accepté de moi! Incroyable!
S’en suivra une douce marche jusque la plus haute dune offrant une vue sur Chinguetti à l’heure du coucher de soleil…


04/01/22: Chinguetti
Depuis la terrasse de notre bienfaiteur, Je fais la connaissance de la petite voisine qui m’invite à venir chez elle. On se retrouve à une dizaine de filles de tout âge, sœurs, cousines et voisines. La pièce est transformée en salon de beauté. Elles nous proposent de nous tresser et de leur mettre du henné. Un moment adorable. L’artiste du henné est âgée de 16 ans, orpheline, elle a été mariée à 14 ans, elle vit depuis dans le maison familiale avec sa belle famille.

C’est avec tristesse qu’on les quittera pour déambuler dans la vieille ville en ruine. On croisera peu d’âmes si ce n’est 2 vendeuses de bijoux ou encore un groupe de femmes allongées sur le sol à partager un bon thé.

05/01/22: De Chinguetti à Atar
Après mûre décision nous n’irons pas à Ouadane, la route en tôle ondulée est dans un trop mauvais état, on tient à préserver notre maison roulante.
06/01/22 : Atar
On reprend nos marques avec un tacos chez Smashfood et on refait le plein en fruit et légumes.
07/01/22 : Choum
Journée de looser. Depuis Choum on prend la piste qui longe la voie ferrée pour rejoindre Ben Amira. Avant de s’engager on demande à des locaux si la piste est bien praticable. Leur réponse est sans équivoque, impossible, le sable a recouvert la piste. Je vous avais dit journée de looser, on rentre bredouille à Atar.
On dînera avec Françoise et Jacques pour leur dire aurevoir.
08/01/2022: De Atar à Nouakchott
Après midi route, on dormira derrière une station service.
Du 09/01 au 13/01/ 2022: Nouakchott
Journée off, déjeuner à La Palmeraie, endroit agréable qui propose une délicieuse tarte à la banane. Après midi au terrain de basket près de l’institut français où les filles sont invitées à participer à un entraînement pour leur plus grand bonheur.
Pendant ce temps papa fait le guet chez le garagiste pour réparer le fameux cardan. N’ayant pas finis, on le rejoindra en tuk tuk au garage de rue pour dormir sur crique!!!

Ce sera que 3 jours plus tard que le césame arrive (Cpd), quelques courses et hop hop on reprend la route. La nuit tombée, on s’arrête à 150 km de Diama (frontière).
14/01/22: Panne à Tiguent
C’est devenu notre mode d’avancement, à peine on démarre, la 1ere ne passe plus, il passe la 2nde pour forcer, 5 mètres plus loin, le véhicule s’arrête. Dans notre malheur, le véhicule se trouve devant des petits garagistes. Une marre d’huile au sol. Mauvais signe. Premier diagnostic ou première hypothèse la boîte de vitesse. Après 8h à essayer de rafistoler le carter, tout le monde nous conseille d’essayer d’arriver au Sénégal ou ils auront plus de choix de pièces et surtout plus de compétences. OK, mais pour ça il faut que le véhicule roule.

Bref, on tente de repartir, 10 m plus loin même scénario et on perd toute l’huile qu’on venait de rajouter.
15/01/2022: Tiguent
Comme convenu le mécanicien prend en charge la voiture en tentant également de colmater le trou du carter. Après 3h d’intervention, 1ère tentative d’avancement, même résultat, le véhicule s’arrête et toute l’huile ressort.
Stop, on ne veut plus toucher au vehicule, problème de boîte de vitesse, faut réussir à aller à Rosso et on fera venir les pièces de France.

On tente de se faire tracter par un camion, au bout de 20 m on abandonn l’idée, ce dernier roule comme un bourrin, ça nous effraie. Sans état d’âme, le camion nous laisse en plan sur le bord de route, pas très safe. On baisse les bras une petite heure puis on se ressaisit. On essaye d’arrêter un véhicule pour qu’il nous tracte quelques mètres dans un endroit en sécurité.
Un pickup s’arrête, un envoyé de Dieu, qui nous tracte en lieu sûre. Une fois garée, il nous invite à dîner chez lui. Il nous dit: « Vous êtes en sécurité chez moi, les filles vont rester avec ma femme pendant que nous allons chercher un mécano qui va désolidariser tout ce qui est en contact avec la boite de vitesse afin de faciliter le tractage.’ Il a même été nous6 adapter une barre de tractage pour plus de sécurité.On passera une superbe soirée avec ce grand homme qui s’avère être le chef des armées de la région et son épouse.
16/01/2022 : Le lendemain, il arrêtera un pick-up avec qui négocions le tractage jusque Rosso. Notre cher ami nous escortera sur 10 km afin de s’assurer du bon déroulement.
Il n’avait aucune attente. Juste une belle âme sur notre chemin qui marquera la notre pour longtemps.

A quelques kilomètres de Rosso, des militaires (qui ne le sont pas réalité), nous arrêtent pour nous dire qu’ils nous rejoignent à la Rosso. Sur le coup on ne comprend pas trop ce qu’ils disent et pensons que notre ami chef des armées les avaient envoyés pour nous escorter car il nous avait dit qu’il appellerait des collègues à lui a la frontière.
Une fois arrivée dans la jungle de Rosso, le portail est fermé et le gardien nous annonce qu’il n’autorise pas de véhicule non roulant sur la barge. Quand soudain surgit le soit disant militaire, qui lui impose l’ouverture. On se laisse guider. Le pick-up, nous détache devant la barge puis s’en va.
Les filles et moi (toujours malade) restons dans le camping car pendant que papa toujours accompagné du faux militaire font la tournée des bureaux. L’atmosphère à Rosso est horrible, cette frontière sera d’ailleurs pour nous la pire de toutes.
On était pourtant informés de cette Mafia et devions passés par Diama, l’autre frontière réputée plus facile mais plus loin en kilomètres et au vu de notre situation pas possible. Mon pauvre mari se fait balader de bureau en bureau mais tient bon car il faut savoir que mise à part la barge (700 ouguyas et une taxe à 400 Ouguyas), il n’y a absolument rien d’autres à payer car le visa est gratuit. Le rôle de cette Mafia est justement de vous faire payer des taxes imaginaires de mèche avec les officiels. Et même l’assurance, ils ont voulu nous faire croire qu’elle est obligatoire pour monter sur la barge ce qui est totalement faux.
On devra y passer la nuit car le responsable de la barge refuse de faire monter un véhicule non roulant. Le lendemain matin, je décide de sortir du véhicule malade, au bout des larmes, je demande au gars de la barge de nous décanter cette situation, Maman les implora : « je suis malade avec mes deux filles »… pris de pitié, il impose à un camion de nous tracter.

Pour finir, mon Papa a été plutôt pas mal car il n’est pas trop tombé dans leur filet et s’en est sorti avec 15 euros d’arnaque ce qui reste un exploit à Rosso. On comprend vraiment l’entourloupe au moment de monter dans la barge, car le faux militaire disparaît et fait envoyer par un ado les 2 seuls reçus officiels où les montants apparaissent… on se retrouve de l’autre coté du fleuve, au Sénégal.







